« La vérité est la clef de la liberté, elle est source d’harmonie et de paix. »
Saint Augustin
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« La famille au service de la Vie », ce thème si riche exploré cette année n’a pu l’être qu’au travers du prisme limpide de l’enseignement du Christ. Le Christ, qui se définit comme « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6), est la Vie d’où découlent toutes les vies dont la famille est le sanctuaire. C’est par charité que Dieu nous offre de servir la vie sous toutes ses formes. Il nous en donne la capacité par cette même charité et sous l’éclairage de la foi. Cette foi n’est pas seulement un acte d’intelligence, mais elle porte sur une vérité à vivre, et à mettre en pratique. Grâce à la lumière du Christ, nous devons en refléter les rayons et ainsi transmettre sa Vérité, seule capable de nous libérer de nos chaînes d’enfants déchus.
« La Vérité vous rendra libres » (Jn 8, 32)
Nous nous intéresserons cette année à ce thème dont les contours pourraient sembler être donnés par le huitième commandement avec son interdiction du mensonge. Au sein de nos familles, le mensonge conduit immanquablement au repli des personnes s’enfermant dans un système privé d’issues. Le rétablissement de la vérité demande un travail d’humilité souvent long et le secours du sacrement de pénitence.
Le contexte ecclésial peut nous conduire à un même repli, comme si les agissements des uns, par le « mécanisme » d’une communion des saints à l’envers, devait peser sur tous les autres. Comme s’il n’était plus légitime de proclamer que l’Eglise est Sainte ! Elle reste pourtant « colonne et support de la vérité » (1 Tm 3,15). La vérité est la conformité entre la réalité et notre pensée, et notre pensée est mue par notre foi « source et exigence d’un engagement cohérent de la vie » (Saint Jean-Paul II, Veritatis Splendor, 89). Par cette cohérence, la foi se fait témoignage, car « on n’allume pas la lampe pour la mettre sous le boisseau » (Mt 5,14-16). C’est par le rayonnement, troisième pilier de Domvs Christiani, que nous devons affirmer notre foi en l’Amour de Dieu et ainsi rendre témoignage à la vérité, garante du bon usage de nos sens, de nos passions et de notre liberté.
« Qu’est-ce que la vérité ? » (Jn 18, 34)
La question de Pilate à Jésus peut rendre nos contemporains mal à l’aise. Cette interrogation siffle comme une nouvelle gifle sur la joue de Notre Seigneur. Pilate est face à la Vérité. Lui, qui détient le pouvoir mais qui n’a pas reçu la Révélation, s’interroge, méfiant, curieux, mais pas vraiment intéressé à connaître en profondeur la vérité. L’homme de notre siècle n’est pas non plus intéressé, mais il ressent malgré lui la désolation de sa perplexité dans un univers dans lequel il ne parvient plus à se situer. Il a pourtant reçu sa réponse, soufflée par le Saint-Esprit.
Qu’est-ce la liberté ?
Saint Augustin écrit : « La première liberté est de ne pas commettre de péchés graves… Quand un homme s’est mis à renoncer à les commettre – et c’est bien le devoir de tout chrétien de ne pas les commettre – il commence à relever la tête vers la liberté. (…) (Mais) c’est une liberté (encore) partielle et donc un esclavage partiel. Ce n’est pas encore la liberté totale, la pure liberté, la pleine liberté parce que ce n’est pas encore l’éternité. La faiblesse pèse en effet sur nous (…), par conséquent, (…) dans la mesure où nous servons Dieu, nous sommes libres et, dans la mesure où nous servons la loi du péché, nous sommes encore esclaves ».
Qu’est-ce que la foi ?
« Avoir la foi », c’est choisir la Vérité enseignée par l’Église.
Sous la motion de la grâce et le commandement de la volonté, c’est croire de toute son intelligence ce que Dieu a révélé à la seule et unique Église : l’Église Sainte, Catholique Apostolique et Romaine. Avec elle, c’est dire : CREDO !
Foi, Loi naturelle et Règle de Vie
« « La foi procède du passé, elle est la lumière d’une mémoire de fondation, celle de la vie de Jésus (…) en même temps, puisque le Christ est ressuscité et nous attire au-delà de la mort, la foi est une lumière qui vient de l’avenir (…) nous comprenons alors que la foi n’habite pas dans l’obscurité. » « Assimilée et approfondie en famille, la foi devient lumière pour éclairer tous les rapports sociaux. »
(Pape François, Lumen Fidei 4 et 54
Nos familles, éprouvées par les libertés illusoires de la modernité, se laissent irrémédiablement attirer, à l’image du fils prodigue, par le scintillement de ses lumières éphémères. Cela ne serait pas grave si cette modernité ne voilait pas notre intelligence, laissant petit à petit endormir notre foi et occulter la « loi naturelle » inscrite en nous avec ordre et amour par Dieu pour, en conscience, accomplir ce qu’Il attend de nous et repousser ce qu’Il défend. Cette loi naturelle éclaire nos intelligences et l’accepter pour l’amour de Dieu, c’est laisser œuvrer la grâce. Notre siècle déclare comme inacceptables certains enseignements de l’Eglise. Chez les chrétiens mêmes, la compétence du Magistère en matière morale est trop souvent remise en cause. Une nouvelle échelle de valeurs est ainsi établie avec les « éthiques personnelles » et les vérités individuelles de l’homme se croyant autonome.
« La loi naturelle est écrite et gravée dans le cœur de chaque homme, car elle est la raison même de l’homme lui ordonnant de bien faire et lui interdisant de pécher », nous dit Léon XIII. Par la Loi ancienne (Décalogue) et la Loi nouvelle du Christ, la Révélation rend manifeste et complète cette loi naturelle. D’une certaine façon, par sa Règle de Vie, Domvs Christiani se fait l’écho de ce « procédé » divin. Cœur de Domvs, notre Règle de Vie se veut un reflet personnalisé de la loi de Dieu, destiné à orienter nos esprits, dilater nos cœurs et maîtriser nos corps.
Les efforts que cette règle impose nous incitent à l’humilité et nous invitent à une forme d’obéissance. Elle rejoint en cela l’humilité à laquelle nous convie la vérité nous mettant en obligation de constater le réel et d’y adhérer. Elle nous place en dépendance vis-à-vis de Dieu. Ne le faisons-nous pas spontanément lorsque nous nous alimentons ou respirons ? Ce faisant, nous reconnaissons notre infériorité par rapport à un Dieu qui n’a besoin d’aucun secours pour exister.
La Règle de Vie, comme but à atteindre, nous engage aussi à l’humilité eu égard à nos faiblesses et à nos difficultés à la suivre.
La Règle de Vie, exercée à la lumière de la foi, doit nous permettre de revisiter notre Credo, celui de l’Église mais aussi le « credo » personnel de notre mariage que nous devons nous efforcer de vivre en vérité sous la lumière du Christ.
Choisir le Bien, le Beau, le Vrai
« L’Église accueille avec reconnaissance tout le dépôt de la Révélation et le conserve avec amour ; elle le considère avec un respect religieux quand elle remplit sa mission d’interpréter la Loi de Dieu de manière authentique à la lumière de l’Evangile. En outre, l’Eglise reçoit comme un don la Loi nouvelle qui est l’« accomplissement » de la Loi de Dieu en Jésus Christ et dans son Esprit : c’est une loi « intérieure » (cf. Jr 31, 31-33), « écrite non avec de l’encre, mais avec l’Esprit du Dieu vivant, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur les cœurs» (2 Co 3, 3) ; une loi de perfection et de liberté (cf. 2 Co 3, 17) ; c’est « la Loi de l’Esprit qui donne la vie dans le Christ Jésus » (Rm 8, 2) ». ( Saint Jean-Paul II, Veritatis Splendor, 45)
C’est à la lumière de la foi et dans l’obéissance au Magistère, que nous devons orienter nos choix. Les encycliques des papes regorgent d’exhortations précises concernant la vie des époux, l’éducation des enfants, le choix d’écoles vraiment catholiques (cf. bibliographie jointe)… Avec les conseils de nos prêtres, la prière et l’invocation au Saint-Esprit sont des conditions requises à tout discernement.
Car le discernement est indispensable à notre vie conjugale et familiale, à l’engagement dans la cité. Nous le constatons, nos dirigeants exercent leur autorité de façon « volatile », au gré des pressions du plus grand nombre : ils rejettent l’autorité de Dieu et perdent le sens de l’homme et de la vérité.
Nos lectures, nos consultations Internet ou télévisuelles doivent être tendues vers le Bien, le Beau et le Vrai. Choisies à la lumière d’une conscience droite, elles visent non seulement à préserver notre âme, mais aussi à faire progresser notre foi.
Posons-nous des questions…
Nos fréquentations et celles de nos enfants sont-elles choisies en âme et conscience ? Ce qui séduit nos sens est-il empreint de vérité ? Nos « amis » sont-ils une occasion de pécher ou de nous sanctifier ?
« Le plus grand malheur, pour un siècle ou un pays, c’est l’abandon ou l’amoindrissement de la vérité. On peut se relever de tout le reste : on ne se relève jamais du sacrifice des principes. Les caractères peuvent fléchir à des moments donnés et les mœurs publiques recevoir quelque atteinte du vice ou du mauvais exemple, mais rien n’est perdu tant que les vraies doctrines restent debout dans leur intégrité. Avec elles, tout se refait tôt ou tard, les hommes et les institutions, parce qu’on est toujours capable de revenir au bien lorsqu’on n’a pas quitté le vrai ». (Mgr Freppel)
Nos familles doivent veiller à ne pas se rendre complices du Malin, père du mensonge, et ne lui laisser aucune occasion de tenter nos volontés ni d’occulter nos intelligences. L’enjeu est la préservation de la vérité. Car, par notre manque de vigilance, nous nous rendons complices. Or, « être complice, c’est être auteur » (Charles Péguy, Le Mystère de la Charité de Jeanne d’Arc).
« Qu’importe si le mensonge recouvre tout, s’il devient maître de tout, mais soyons intraitables au moins sur ce point : qu’il ne le devienne pas par moi » (Soljénitsyne)
La vraie liberté
Puisque la vérité se trouve dans le Décalogue, dans la loi naturelle ou éternelle, et dans la Règle de Vie de Domvs Christiani, elle oblige celui qui la défend.
Mais, objecte-t-on, une vérité qui oblige peut-elle rendre libre ?
« Non ! répond notre contemporain ! Car la liberté, par essence, ne souffre aucune contrainte ! Non ! La liberté ne peut être asservie ! »
Mais nous, nous savons que l’intelligence se croyant « libérée » n’a jamais été aussi asservie par les idéologies ou les utopies ou tout simplement par la triple concupiscence. Nous savons que la Loi de Dieu promeut et protège la vraie liberté. Nous savons que «l’Eglise se met toujours et uniquementau service de la conscience, en l’aidant à ne pas être ballottée (…) au gré de l’imposture des hommes (cf. Ep 4, 14) » (Saint Jean-Paul II, Veritatis Splendor, 64).
Nous savons que ce n’est pas faire preuve d’intelligence et de recherche de la vérité que d’accepter indistinctement toute opinion. En revanche, c’est en faire preuve de sans cesse corriger, argumenter et prouver avec charité la vérité que l’on aime. Nous savons que par le mariage, perçu parfois comme une perte de liberté, nous nous sommes libérés de notre solitude, de notre égoïsme et de certains de nos mauvais penchants.
Nous savons que notre Règle de Vie, incompréhensible pour beaucoup, est une aide pour nous préserver du péché, « abus de la liberté que Dieu donne aux personnes créées pour qu’elles puissent L’aimer et s’aimer mutuellement » (CEC 387).
Nous savons que la soumission à l’ordre, à ce qui est vrai et juste, garantit notre capacité de choix et de détermination par la raison.
Quelques menaces :
La vérité est menacée par le relativisme, professant l’égalité de tout, ou par l’idéalisme, affirmant le primat absolu de l’intelligence, qui n’est plus soumise au réel. La vérité est défiée par le matérialisme dans lequel nos jugements se forment au gré de nos passions, de nos sentiments, de nos intérêts matériels.
La vérité est inquiétée par le pragmatisme qui se fonde sur l’action.
La liberté est, elle, menacée par la fausse liberté de pensée et de conscience prônée par les philosophes des Lumières, et source du libéralisme qui est la revendication d’indépendance absolue de l’homme.
« L’éclipse du sens de Dieu et de l’homme conduit inévitablement au matérialisme pratique qui fait se répandre l’individualisme, l’utilitarisme et l’hédonisme » (Saint Jean-Paul II, Evangelium Vitae, 23).
Ces trois dernières idéologies sont mortifères pour la liberté :
En effet, l’individualisme tend à privilégier les droits et la valeur de l’individu par rapport à ceux du groupe, comme la famille.
L’utilitarisme fait de l’utile le critère absolu de l’action au détriment des droits sacrés de la personne.
L’hédonisme est une doctrine selon laquelle la recherche du plaisir et l’évitement de la souffrance constituent le but de l’existence humaine.
Elles sont toutes trois intrinsèquement liberticides. Ces doctrines se basent sur le bien-être et le plaisir humain en excluant la loi naturelle et la loi éternelle. Elles sont dès lors sources de totalitarisme et vont à l’encontre du plan de Dieu.
« Viens et suis-moi », dit Jésus au jeune homme riche. L’appel n’est pas coercitif ; il n’est qu’une invitation à rejoindre librement la Vérité. Saint Paul (Ga 5,1) nous met en garde sur le mauvais usage de la liberté et rappelle que celle-ci est toujours menacée par l’esclavage. Esclavage des mauvaises mœurs, des dépendances et des addictions. « L’agir est moralement bon quand les choix libres sont conformes au vrai bien de l’homme et manifestent ainsi l’orientation volontaire de la personne vers sa fin ultime » (Saint Jean-Paul II, Veritatis Splendor, 72).
Chers amis de Domvs Christiani, avant de vous laisser méditer sur ce thème et le mettre en pratique au travers de nos trois piliers :
• l’approfondissement de la vie intérieure nourrie de la contemplation de la vérité,
• la charité fraternelle, exercée avec humilité et dans une démarche volontaire pour la mise en pratique de notre Règle de Vie, source de vraie liberté,
• l’esprit missionnaire et le rayonnement, mus par l’affirmation de notre foi et la nécessité de rendre témoignage à la vérité, prérequis à notre liberté,
laissons à saint Augustin le soin de notre envoi :
« Dans la maison du Seigneur, l’esclavage est libre. L’esclavage est libre, lorsque ce n’est pas la contrainte mais la charité qui sert… Que la charité te rende esclave, puisque la vérité t’a rendu libre… Tu es en même temps esclave et homme libre : esclave, car tu l’es devenu ; homme libre, car tu es aimé de Dieu, ton Créateur ; bien plus, tu es libre parce que tu aimes ton Créateur… Tu es l’esclave du Seigneur, l’affranchi du Seigneur. Ne cherche pas à être libéré en t’éloignant de la maison de ton libérateur ! » (1)
Bonne et sainte année Domvs !
L’Évangile au cœur de Domvs Christiani• L’année 2016-2017 a été pour Domvs « l’année saint Luc » : chaque foyer s’est efforcé de parcourir en lecture cursive cet évangile.
• L’année 2017-2018 était « l’année saint Marc ».
• L’année 2018-2019 était « l’année saint Jean »
• L’année 2019-2020 sera « l’année saint Matthieu» selon les mêmes modalités. La newsletter nous y aidera.
Sainte lecture évangélique !
La Coordination générale
Crédits photos : Alpha du centaure.